LA POSTE et FRANCE TELECOM même combat ?

Cet article est paru en juin dernier dans le quotidien d’information économique et financière d’obédience libérale Les Echos, c’estune source d’information fiable. Ainsi, tout comme nombre des publications de ce journal, cet article a été largement repris et commenté dans la presse nationale : Le Point du 26/06/2009, Le Figaro du 25/06, le Journal du Dimanche et L’Humanité du 26 juin, s’en sont fait l’écho. La reprise partielle de cet article parue dans le JdD du 26/06 était intitulée de façon significative « La Poste se serre la ceinture »et les postiers d’un important centre de traitement du courrier avaient été informés fin 2009 de la mise en place d’un plan d’économie pour le moins drastique de trois milliards d’euros sur cinq ans. De fait, crise financière oblige, il se trouve peu de secteurs qui n’annoncent des plan d’économie, des réductions d’effectifs ; les dirigeants de La Poste hurlent donc avec les loups et force est de constater qu’ils s’y entendent. Un tiers de ces 3 milliards qui représente en fait plus du quart du chiffre d’affaire de la branche courrier (11,32 milliards d’€ pour 2008) serait, selon Les Echos, dû à des économies de structure.

Qu’entendre par « économie de structure » ? Comment trouver les deux milliards d’économie supplémentaires nécessaires, selon la direction de La Poste, à compenser la perte de chiffre d’affaires escomptée ? Quelles répercutions ce « plan de rigueur » risque t-il d’avoir sur le personnel ?

Au chapitre de la modernisation des « fonctions support et administrative »il s’agit de diminuer les frais de fonctionnement ; consommations énergétiques, impôts locaux, matériels de bureau, logistique et optimisation des procédures, etc… Ainsi, selon un porte-parole du groupe : « Si des scénarios pessimistes se confirment sur l’évolution du courrier sur la période 2009-2015, nous avons un plan de réduction des charges de 1,5% par an. Cela représente un milliard d’euros sur sept ans » (Le Point du 26/06/2009).

S’il ne paraît pas déraisonnable de vouloir rogner sur des dépenses considérables, de limiter un évident gaspillage de moyens il n’en demeure pas moins que, par effet de cumul ces 1,5% de 2009 seront devenus 10 % en 2015 !

Au Parti de Gauche nous nous félicitons des mesures prises par une grande entreprise publique contre la gabegie ; il en va de sa caisse mais aussi de la sauvegarde de l’environnement. L’objectif est très ambitieux et l’ on se doute que des économies de bout de chandelle ne suffiront pas. S’il on sait par exemple que le courrier posté à Charleville-Mézières par le Crédit Agricole et à destination du Nord-Pas-de-Calais, passe… par la Lorraine et y arrive dans des camions à moitié pleins, on mesure l’ampleur des économies à faire. La Poste à la recherche d’économies de moyens se montrera -t- elle du même coup soucieuse de l’environnement en utilisant des procédés un peu plus efficaces que la vente de carnets de douze timbres censée épargner les forêts ? Nous ne pouvons que le souhaiter.

Mais pour l’heure, ce sont des regroupements de services avec reprises d’emplois à la clef qui sont à l’ordre du jour. A l’économie ainsi réalisée sur les infrastructures (impôt, entretien, etc) s’ajoute alors celle effectuée sur la masse salariale, de très loin la plus importante. Et c’est là que le bât blesse.

Forte de ses 170.000 agents, la branche Courrier du groupe La Poste représente 57% de son personnel, c’est donc une entreprise aux effectifs nombreux et dans lesquels il est logique pour ses décideurs de tailler afin de réaliser des économies autrement considérables. L’objectif de l’entreprise est d’en faire passer ses effectifs à 120.000 personnes d’ici fin 2015. La masse salariale ne représenterait plus alors qu’environ 60% du C.A. contre 70% actuellement ; la première décroissant nettement plus vite que le second. Si l’on ajoute les économies évoquées plus haut, La Poste pourrait avoir en 2015 un résultat d’exploitation (donnée comptable qui détermine la véritable rentabilité d’une entreprise) propre à susciter les appétits de financiers plus préoccupés de bénéfices rapides que de service public. Au bilan, des postiers de moins en moins nombreux, travaillant plus pour gagner moins, au bénéfice de quelques-uns et non au service de tous ; libéralisme quand tu nous tiens.

Le départ à la retraite des nombreux baby boomersest une aubaine pour La Poste comme d’ ailleurs pour tous les autres grands services publics en recherche de réduction d’effectifs, mais cela ne suffira pas.

Ainsi et selon Les Echos,ce sont donc entre 4800 et 6400 emplois qui vont disparaître annuellement au Courrier durant 7 années consécutives (2009-2015) ramenant l’effectif entre 125 et 136.000 agents. Les effectifs fondront ainsi de 20 à 26 %, chiffre à rapprocher des 20% de perte de chiffre d’affaires envisagés d’ici à 2015. Au chapitre des économies, l’essentiel se situe bien sûr ici, on peut l’évaluer de 6 à 8 milliards d’euros sur la période considérée. On n’oubliera pas d’ajouter l’économie réalisée sur les douze à seize cents nouveaux embauchés (on remplace un retraité sur cinq) qui débuteront au smic et non au salaire des retraités qu’ils remplaceront soit de 70 à 90 millions d’euros supplémentaires ; il n’y a pas de petites économies.

Quant au dispositif maison de retraite anticipée, il est clair que La Poste compte sur lui pour compléter sa mise aux normes des effectifs. 3600 agents sont concernés en 2011 mais, peu incitatif financièrement parlant, ce dispositif n’aura pour l’heure qu’un effet limité à moins de 1000 départs volontaires annuels s’il était renouvelé ultérieurement. Restent alors les incitations au départ volontaire.

Des cellules ont bien été mises en place qui facilitent le détachement du postier volontaire dans un autre service public. Mais il y a un hic et il est de taille, c’est la R.G.P.P.( Révision Générale des Politiques Publiques) mise en place par le gouvernement Sarkozy depuis 2007. La R.G.P.P. ce sont 100.000 emplois supprimés dans les services publics depuis 3 ans et ce n’est pas fini. Trouver un emploi dans une autre administration relève donc aujourd’hui de la gageure. Alors que faire ?

Que peut bien inventer alors la direction pour faire partir des gens qui tiennent à un emploi qui en vaut bien un autre ? France Télécom qui fut autrefois le « T » des défuntes Postes et Télécommunications sert alors une nouvelle fois de « modèle social » à La Poste. Déplacements d’office au mépris des règles de gestion du personnel, nominations sur des postes qui ne tiennent compte ni du souhait de l’agent ni de ses compétences, surnombres ici et sous-effectifs ailleurs délibérément organisés ; l’entreprise de déstabilisation est en route. La stratégie ici est double ; pousser les agents à la démission par des mesures vexatoires (dévalorisation des compétences par exemple) et instaurer, dans les services destinés à la suppression de postes, une ambiance telle que leurs agents n’auront de cesse de s’en aller plutôt que de les défendre le moment venu. Appelons un chat, un chat, cette technique du harcèlement qui a fait ses tristes preuves à France Télécom se met en place aujourd’hui à La Poste

Lire sur le sujet un article paru dans Libération :

http://www.liberation.fr/societe/0101639315-malaise-a-la-poste

Face à ces pratiques qui ne vont aller, R.G.P.P. oblige, que se généraliser à La Poste comme ailleurs, Le Parti de Gauche se doit de réagir concrètement. Ses militantes et ses militants se doivent d’apporter soutien et conseils aux victimes de ces pratiques.

Si vous vous trouvez confronté à une telle situation, n’hésitez pas à nous contacter.

 

Dagobert

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